Si je devais résumer ce que j’ai appris  dans ma formation d’hypnose à l’ARCHE, à l’essentiel, c’est assez simple, en fait : J’ai appris à aimer les gens.

Dans tout groupe, il y a des personnes qui vous attirent et vers lesquelles vous allez spontanément. Et d’autres à côté desquelles vous avez juste pas envie de vous asseoir, ni de discuter. Au mieux, vous ressentez juste de l’indifférence, et parfois, sans les connaître, vous les trouvez carrément antipathiques. En gros, y a un truc à l’intérieur de vous qui fait « beurk ».

Dans ma formation d’hypnose, où nous avions  beaucoup d’exercices à faire en binômes, il y avait  un moment qui m’angoissait toujours un peu : Celui où je devais trouver un partenaire que je ne connaissais pas, pour faire l’exercice avec lui.


Hormis ma propre peur personnelle de ne pas être choisi, je redoutais  de me retrouver nez à nez avec tel type pas dans mon genre, ou tel genre, pas dans mon type.

Mais, la vie fait souvent mal les choses, et, il m’a bien fallu, à contrecœur je l’avoue, travailler avec Vincent, François, Paule, et les autres. Enfin, ça s’était au début.
Parce qu’à la fin de la formation, j’avais beaucoup changé.
J’aimerais pouvoir vous dire que j’étais devenu quelqu’un de tolérant, et que j’avais arrêté de porter des jugements intempestifs sur les gens, mais ça ne serait pas honnête de ma part.
Non, j »avais toujours mes a priori initiaux sur les gens que je rencontrais.
Mais j’avais  appris à voir au-delà.
Et vous savez grâce à qui j’avais réussi à faire ça ?

Et bien, grâce à Vincent, François, Paule… et tous les autres !

Ce qui m’a le plus permis de progresser dans ma formation de praticien en hypnose,  a été d’aller vers les stagiaires qui me rebutaient le plus au départ.  Parce que cela me demandait un effort. Et on apprend bien plus les bases d’une communication efficace, et la création de rapport  avec une personne qui vous parait loin de vous.
En particulier, quand vous découvrez que ce que vous n’aimez pas chez l’autre, c’est généralement quelque chose qui est présent chez vous, et que vous n’acceptez pas.
Autrement dit, ce n’est pas l’autre que vous évitez, en refusant de travailler avec lui, mais une part de vous que vous n’assumez pas.

Quoi ?
Oui, je sais, dit comme ça, vous devez vous dire :

 » Mais non, mais pas du tout, je n’ai absolument aucun point commun
avec cette tête de con prétentieuse, qui parle mal aux autres, et qui pète plus haut que son cul ».

Non, non, rassurez-vous.

Vous êtes quelqu’un de très bien.
Moi aussi.

Mais disons que, si  vous évitez une personne parce qu’elle vous parait prétentieuse, qu’elle a un physique qui vous déplait,  qu’elle est trop dans la séduction, ou qu’elle se met très fort en colère, demandez-vous ce que ça raconte sur vous :


– Qu’est ce qui fait que cela vous touche autant, et vous fait réagir ainsi ?
Quel est votre propre rapport à la séduction, à votre image, à la colère  ou au jugement ?

Quand vous hurlez « ta gueule! » à la montagne, elle ne vous répondra pas je t’aime, mais vous renverra l’écho de votre propre voix.
Il et en ainsi de tous les autres types, sur le trottoir d’en face  : ils sont comme l’écho de nos désirs, de nos filtres, de nos peurs, de nos jugements, et de nos émotions apparentes ou enfouies.
Ils nous font réagir parce que quelque chose d’eux résonne chez nous.
A vous de vous demander quoi.

Notre réflexe, c’est d’aller vers les gens avec lesquels on a des affinités. Sans doute un héritage de notre tribalisme ancestral. Et c’est très bien ainsi. C’est ce qui nous permet de nous sentir en confiance et en sécurité. Et ça renforce notre sentiment d’appartenance et nous valorise.
Mais cela ne nous aide pas à voir ce que nous ne voulons pas regarder de nous.
Et cela peut devenir limitant. Car dans de nombreuses situations de la vie, nous sommes amenés à côtoyer et collaborer avec des gens que nous ne choisissons par forcément.
Alors comment réussir à aller au delà de nos a prioris, et de nos jugements pour réussir à créer un bon rapport ?

Tous le monde a souffert, reçu des coups. Et ces blessures de vie ont généré des apprentissages, qui s’expriment dans la manière d’être et de réagir.
Une attitude hautaine  peut, par exemple, être un moyen maladroit de masquer sa propre peur du jugement.

Quand je vois une personne d’apparence agressive, ou arrogante avoir un sanglot dans la voix, laisser couler une larme, ou exprimer tout le mal qu’elle pense d’elle même, bah… c’est juste impossible de la regarder ensuite de la mème manière. Et le fait d’avoir accès a cette part de chaque être humain, c’est ce qui rend ce métier si beau, et qui m’aide de plus en plus à apprécier chaque personne dans son intégralité.

On est  humains. On a tous notre part d’ombre. Notre zone de racisme subjectif. Ou d’inconfort C’est comme ça.

Alors, oui, c’est sur, en tant que praticien en hypnose, il y a parfois des clients que j’aimerais bien ne pas recevoir.

Bon, je ne vous dirai pas forcément lesquels.

La première solution est simple : ne pas les recevoir.

La deuxième est sans doute  plus difficile, mais tellement plus apprenante :  se débarrasser de ses à priori, sur cette personne. 

Mais comment, me direz-vous ?

Comment arriver à voir immédiatement l’humain qui se cache derrière l’attitude ou le comportement désobligeant ?

Comment voir dans tel client qui arrive en retard, en éructant sa haine, et sa rage contre les fonctionnaires, les musulmans, et le gouvernement, un être blessé dont la valeur principale est peut-être l’amour ?

Je vous livre deux techniques qui m’ont aidé à mes débuts

1 – la technique Laurent Bertin… ou la technique du : « Vous êtes toujours con comme ça ? »

La première, que j’ai apprise d’un de mes professeurs, c’est d’être authentique. Voire cash. En disant ce que vous ressentez.

Bon… c’est sûr, il y a l’art et la manière. Et il faut être assez ancré pour assumer cette posture.

Mais en gros, quand votre client vous énerve, ou provoque une réaction chez vous, commencez par observer la sensation que cela vous fait, et demandez lui, si ce sentiment que vous avez, vient de vous, ou de lui.

Du genre : « C’est bizarre, quand je vous écoute, je ressens une forme d’agacement. Je sais pas si c’est chez moi, ou chez vous. Ça vous parle ? comment vous vous sentez juste là, quand je vous dis ça ? »

Un point essentiel, c’est que pour vous permettre de dire ça, il faut absolument avoir confiance en vous, et en la personne que vous avez en face. Dire ce que vous pensez, c’est induire a la personne que vous la sentez capable de recevoir ce que vous dites. Et puis, en vrai, les gens ils se disent les choses en dix fois pire à l’intérieur. Demandez donc à une personne en surpoids comment elle se voit.

Ça peut paraitre un peu provocateur, mais très souvent les clients, après la surprise, laissent tomber le masque, et ça crée plutôt une très belle qualité de rapport par la suite.

Le but de cette approche, c’est de mettre directement la relation sur la table. Car probablement que ce qui se joue entre vous et le client, se joue aussi entre lui et d’autres personnes. C’est donc une occasion en or, d’aller rencontrer la personne, en lui disant : « Hey, tu vois, chez moi, on est vrais, on ne fait pas semblant »

Si vous dites a votre meilleur ami qu’il a agi comme un con, il vous en voudra peut-être un peu, mais cela aura plutôt tendance à renforcer vos lien.

En gros, l’idée, c’est d’être vrai dans son ressenti.  Mais c’est un style, et je ne vous invite pas à faire cela si cela ne correspond pas à votre tempérament.

2 – la technique David Picard… ou la technique du « caca dans la couche »

Tout homme, ou toute femme, a été enfant un jour. Alors, quand vous êtes face à un colosse de deux mètres, qui éructe sa haine contre la moitié de l’humanité,  qui prétend tout savoir sur tout, regardez le dans les yeux, et essayer de voir l’enfant qu’il a été.

Imaginez le quand il faisait encore caca dans sa couche, qu’il pleurait parce que sa maman ne lui avait pas donné son biberon, ou qu’il éclatait en sanglot parce qu’il voulait un jouet que sa sœur avait.

Bah oui… regardez quiconque dans les yeux, jusqu’à voir l’enfant qu’il a été, et je vous assure que…  vous finirez par le trouver… touchant.

L’avantage de cette approche, c’est qu’elle n’interfère pas dans le rapport client.

C’est un travail personnel qui m’a été très utile à mes débuts.

Aujourd’hui, je n’ai plus trop recours à ces approches. Avec le temps, mon regard s’est élargi, et j’ai appris à être plus curieux des gens. Et puis j’ai appris sans doute aussi davantage à être conscient de mes propres jugements sur les autres.


Et vous, alors, comment faites vous pour réussir à vous entendre avec des personnes qui, au premier abord, vous déplaisent ?
Je serai vraiment curieux de savoir comment vous faites.


J’espère que cet article vous a intéressé, en tout cas.

N’hésitez pas à me donner votre avis dessus.

 

Une des premiers outils que j’ai découvert en hypnose, c’est la synchronisation.

L’idée est simple : chaque personne est dans un rythme, une émotion, une énergie particulière. Et en se mettant simplement au diapason de l’énergie d’autrui, on crée une relation beaucoup plus fluide.

Généralement, lorsque vous ressentez spontanément de la sympathie envers une personne, c’est que vous êtes déjà en synchronisation naturelle avec elle. C’est ce qui arrive dans tout couple harmonieux, ou avec des amis proches quand vous pensez à la même chose au même moment : vous vous sentez vraiment en phase.

Et puis, il y a des gens avec qui la communication ne « passe pas ». Vous n’êtes tout simplement pas sur la même longueur d’ondes. Se mettre en synchronisation permet de construire plus rapidement une relation.

Indispensable dans l’accompagnement pour créer une relation de confiance entre le thérapeute et le client, la synchro est aussi bien utile dans la vie de tous les jours, pour mieux communiquer.

 

Il existe différentes techniques de synchronisation, comme de respirer au rythme de l’autre, de se caler sur son flux de parole, ou se mettre en miroir de sa position physique. Cela permet de ressentir assez rapidement ce que vit la personne depuis l’intérieur d’elle-même, et accéder à d’autres sensations qui ne sont pas forcément transmises par le langage verbal, ou dont la personne elle-même n’a pas conscience. Ces techniques peuvent sembler artificielles, et elles le sont forcément quand on apprend à les utiliser.

L’important n’est pas la technique, mais le principe derrière. J’ai compris la synchronisation le jour où j’ai vu un duo de chanteurs, tellement accordés dans leur improvisation qu’on n’avait l’impression de n’entendre qu’une seule mélodie.

 

1 – Comment la synchronisation a changé mes relations familiales

Mon père, depuis quelques années, c’est monsieur « Jamais content ».

Avec ma sœur, nous avons réussi à le convaincre de passer quelques jours avec nous, au bord de la mer rouge, dans un hôtel 5 étoiles.

Bien que le lieu soit splendide, mon père reste indifférent au paysage, se plaint du changement de ses habitudes, et de sa difficulté à trouver le sommeil. Ma sœur met toute sa bonne volonté pour lui redonner le moral.

Tu as vu la mer comme elle est magnifique ?

A mon âge, qu’est-ce que tu veux que ça me fasse.

On pourrait faire une balade en bateau….

Pff….

Mais t’es quand même mieux qu’au Caire, papa, non ?

Mieux en quoi ?

Tu as la plage, les piscines, le soleil, et puis le petit déjeuner à volonté

Oui, pour des gens qui mangent, c’est intéressant.

Et la vue, tu ne la trouves pas belle ?

Si, c’est joli. Cinq minutes

Formé à l’hypnose, et à la PNL, j’explique à ma sœur, de plus en plus agacée par l’attitude de mon père, que sa stratégie ne fonctionne pas. Elle semble même conforter mon père dans sa posture négative.

Pourquoi continuer à utiliser des solutions inefficaces ?

Tu voudrais qu’on fasse comment ?

Pourquoi on ne jouerait pas son jeu ?

Son jeu ?

Je lui parle d’un article de Richard Bandler à propos d’un adolescent qui faisait toujours le contraire de ce que ses parents lui demandaient, par esprit de contradiction. Et comment en changeant leur stratégie, et en se synchronisant sur l’enfant, les parents avaient réussi à faire changer le comportement de leur garçon.

Notre père réagit par la négation. Cale-toi sur lui. Affirme des phrases négatives, il niera sans doute aussi ces négations…

Le lendemain matin, je rejoins mon père pour le petit-déjeuner.

Ta sœur n’est pas encore là ?

Quelques minutes plus tard, ma sœur débarque, les sourcils froncés

Qu’est ce qui se passe ?

Je suis fâchée, c’est tout. J’ai super mal dormi.

Ah bon ?

Oui, ces lits sont affreux. C’est une honte franchement pour un hôtel 5 étoiles !

Mon père semble surpris de la réaction de sa fille, d’habitude si conciliante.

Et puis ce soleil insupportable des 6 heures du matin. Comment est-ce qu’on peut dormir ici franchement ?

Mon père hausse les épaules

C’est tout de même mieux qu’au Caire.

Mieux qu’au Caire, tu plaisantes ! Au moins au Caire, il fait gris. Et on a des rideaux ! Je vais faire avancer les billets d’avion, et on va rentrer plus tot que prévu.

Ah bon ?

 

Ma sœur boit une gorgée de café, dégoûtée.

Tu vas quand même pas me dire que ça te plait ici ! franchement pour le prix qu’on paye, c’est une honte !

C’est pas catastrophique, non plus. Il y a la mer, la piscine

La piscine ? elle te donne envie de nager toi, franchement !

Mais c’est agréable quand meme, la vue, l’air. Moi je trouve qu’on est pas mal ici. Au moins, ça change….

T’es sérieux ?

Oui, au moins, il y a de l’air doux, c’est agréable

Mon père ne réalise mêle pas que sa voix monte, qu’il s’affirme, et que, tout en parlant, son corps se redresse.

Tu vas pas me dire que t’es content d’être là ?

Bah…. c’est pas mal quand même…

Pas mal ! Papa, vraiment je te comprends pas….

Tu sais, je pense qu’on pourrait même rester ici un ou deux jours de plus.

 

Ma sœur a continué à faire semblant de râler en sa présence. Au point que mon père a fini par s’inquiéter pour elle, et oublier ses propres soucis. Et voilà comment, pendant quelques jours, il a fini par oublier sa dépression.

 

Le problème avec la synchronisation, c’est qu’on finit par y prendre goût.

Et à force de la pratiquer, on finit par penser et sentir comme l’autre.

Et ça devient difficile de ne pas aimer tout le monde.

Parce que, comme disait Renoir, tout le monde à ses raisons.

Et la synchronisation est un bon moyen de les percevoir.

 

Namir ABDEL MESSEEH – ACTIVE CHANGE – Décembre 2017